Alors que plusieurs études, et notamment celle de l’entreprise Dell, s’accordent sur le fait que plus de 60% des emplois d’après 2030 n’existent pas encore, peut-on définir les contours de l’entreprise du futur ? Selon ces résultats, la seconde phase du développement numérique est en marche et avec elle le recours croissant à l’IA, à savoir l’Intelligence Artificielle. Celle-ci va se doubler de véritables compétences cognitives assumées par des algorithmes. Ils encadrent déjà et vont concerner de plus en plus d’activités. La part de l’humain va-t-elle se rétrécir au point de disparaître et quels sont les métiers qui vont bouleverser leur champ de compétences ? L’entreprise traditionnelle peut-elle survivre dans un contexte où l’externalisation deviendra la norme ? Voyons ce que l’avenir nous réserve.
Des mutations dans tous les secteurs d’activité
Il est certain que toutes les sphères seront impactées par cette digitalisation augmentée. Par ailleurs, elle est déjà fortement marquée dans le secteur des services. Cette tendance à externaliser les emplois va dégrader la notion de travail au bureau. En effet, comment parler de bureau alors que les employés ou le plus souvent des freelances travaillent depuis leur ordinateur, où qu’ils se trouvent. Ils sont actuellement plus de 900 000 en France à travailler dans ces conditions et leur nombre ne cesse de croître. Ce nouveau modèle de travailleur, qui met à mal l’image de l’entreprise au sens d’entité centralisée, exerce un effet attractif sur les salariés. Mais on sait par ailleurs que les conditions de travail sont parfois plus aléatoires et que les couvertures, sociales notamment, sont moins avantageuses pour cette part de la population active qui a crûe de plus de 110% en 10 ans.
Pour ce qui est de l’industrie, alors qu’elle représente encore 12,4% du PIB français, on sait qu’elle va poursuivre sa robotisation, se digitaliser et par voie de conséquence libérer des emplois physiques. Pour définir ces tendances, certains comme Alban Guyot, le directeur de l’entreprise du futur, n’hésitent pas à créer un néologisme : le phygital. Cette fusion consiste à envisager un meilleur partage entre les emplois physiques avec le digital.
Des emplois encore plus précarisés
Les grands perdants de cette nouvelle orientation de l’entreprise semblent une nouvelle fois se situer parmi ceux que l’économiste Bernard Gazier appelle les « limit jobs ». Ce sont les emplois non-qualifiés qui restent pourtant un rouage essentiel dans la structure de notre modèle économique. Tant que la société de consommation et de services à la personne reste aussi exigeante avec une demande de disponibilité optimale, l’écart ne peut que s’accentuer avec les emplois spécialisés. En contrepartie, les salaires pour ces travailleurs, qui disposent de peu de latitude, sont a minima. Une revalorisation de certains de ces métiers, comme cela a été évoqué au plus fort de la crise sanitaire, serait sans doute un moyen d’empêcher un abîme de se creuser entre les emplois qualifiés et ceux qui restent à la marge. Les diplômes et les certifications représentent donc toujours une valeur ajoutée. L’entreprise de demain doit toujours rechercher des profils de personnels disposant de diplômes mais surtout de personnels plus flexibles, capables de télétravailler et de faire preuve de plus d’autonomie.
Des orientations pour l’entreprise du futur
Selon certaines interprétations, l’entreprise du futur dispose de points communs avec une plateforme. Dans un environnement où l’externalisation va s’intensifier, elle va jouer un rôle d’accueil physique. Elle va pouvoir réduire sa taille et offrir ses locaux de manière organisée pour des réunions, rendez- vous en présentiel et concertations sur des politiques d’entreprise. Certaines compétences, jusqu’alors reléguées, vont s’affirmer. Étant donné que l’externalisation va être en concurrence avec les activités en interne, des soft skills ou compétences douces telles que l’esprit collaboratif, la créativité, la faculté de se mettre à la place de l’autre et bien sûr l’innovation vont devenir des valeurs incontournables. À cela, il faudra ajouter la brûlante question de la préservation de notre environnement. La tâche est à la hauteur des enjeux que l’entreprise du futur doit relever.
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