C’est un fait, le dérèglement climatique prend de l’ampleur chaque jour. Face à cette situation critique, la mise en place de nouvelles habitudes permettrait à chacun de réduire son empreinte carbone. Parmi elles, le soutien envers les petits producteurs et la consommation de produits locaux. Cependant, et malgré les idées reçues, manger de tout et contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique ne vont pas de pair. En effet, ce qui importe réellement, ce n’est pas tant l’origine du produit consommé, et donc son aspect local, mais plutôt l’impact de sa production sur l’environnement. Preuve à l’appui avec l’étude de Joseph Poore et Thomas Nemecek (2018). Les résultats confirment que, à défaut de se focaliser sur la provenance des aliments que l’on consomme et manger local, nous ferions mieux de les choisir au regard de leur mode de production.

Mettre à jour ses idées reçues

Au niveau mondial, la production de nourriture représente un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES). De cette façon, on s’imagine facilement qu’en adoptant une consommation locale, ou nationale selon les produits, on tend à réduire les transports et donc les coûts en énergie. Par exemple, une pomme cultivée à Arles agit davantage en faveur de la réduction des émissions de GES qu’un avocat en provenance du Mexique. Cette réflexion fait preuve de logique et nous invite à penser que nous avons donc un pouvoir d’action sur l’environnement. 

Or, en réalité, ce genre de comportement a finalement très peu d’impact. Aveuglés par la volonté de réduire les émissions de GES, nous nous focalisons sur les transports et non sur les produits que nous consommons et les ressources dont ils ont besoin pour être produits. Notre vision est alors faussée car nous ne prêtons pas attention à la partie la plus importante et invisible de l’iceberg : la chaîne de production alimentaire.

Une étude qui vient bouleverser nos habitudes de consommation

C’est donc ici qu’interviennent les résultats de l’étude de Joseph Poore et Thomas Nemecek pour illustrer cette réflexion. Ils viennent bouleverser notre façon de consommer. Cependant, ils nous éclairent sur un sujet important si l’on souhaite réellement avoir un impact sur le monde de demain. Et pour crédibiliser l’ensemble de leurs recherches, ils fournissent des données qui réunissent plus de 38 000 fermes au travers de 119 pays. Une recherche absolument colossale menée de main de maître. De plus, et pour mettre en avant les activités de production et leur empreinte, ils ont calculé les émissions de GES par kilogramme d’aliment. 

Même si c’est le dioxyde de carbone qui compose en grande majorité ces GES, ils ont tout de même veillé à inclure le méthane ou encore le protoxyde d’azote. Pour illustrer leurs propos, ils retracent et détaillent la totalité de la chaîne de production, de la déforestation des sols au packaging du produit.

Des aliments 60 fois plus polluant que d’autres

Les résultats sont parlants et il en ressort un constat important. Il existe des différences massives dans les émissions de GES entre différents aliments. Par exemple, la production d’un kilogramme de bœuf émet 60 kilogrammes de GES tandis qu’un kilo de maïs n’en émet qu’un seul. On remarque que, dans l’ensemble, les aliments à base d’origine animale ont tendance à avoir une empreinte carbone plus élevée que les aliments à base de plantes. La production d’agneau ou de fromage émet plus de 20 kilogrammes de GES par kilogramme. Les aliments à base de plantes ont une empreinte relativement moindre quand on la compare avec les aliments cités ci-dessus.

Les transports ne seraient pas responsables à 100% du réchauffement climatique

Aussi, il ressort de cette étude que les produits aux plus grandes émissions de GES le sont durant les phases d’utilisation des terres et de processus agricoles. Cela comprend en partie la déforestation, l’application d’engrais, la fermentation entérique (la production de méthane dans les estomacs des bovins), et d’autres …
Ainsi, en additionnant les GES émis durant ces deux phases seulement, on arrive à un total de 80% de l’empreinte carbone d’un aliment. Là encore, ce ne sont pas les transports, le plus souvent maritimes ou terrestres mais très peu aériens, qui sont le plus responsables du réchauffement climatique pour le secteur de l’alimentation.

Manger local n’est pas finalement pas une solution sur long terme

Cette étude a pour objectif de remettre en question nos habitudes alimentaires mais surtout de renouveler notre vision et nos connaissances sur le sujet. Ainsi, pour les achats alimentaires, on privilégiede manger local autant qu’on le peut, bien évidemment, mais surtout, il est important de prendre conscience de l’impact du processus de production qui se cache derrière chacun des aliments que l’on consomme, d’origine animale ou végétale. Finalement, dans cette lutte écologique, ce ne sont pas seulement les habitudes qui sont à revoir, mais le fonctionnement de notre système dans ses moindres détails. La consommation, au-delà d’être locale, doit avant tout être éthique. 

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