Au même titre que la montagne Sainte-Victoire est indissociable d’Aix-en-Provence et du peintre Cézanne, le massif du Garlaban évoque avant tout la ville d’Aubagne et l’enfant du pays, l’écrivain et cinéaste Marcel Pagnol.

Histoire du Garlaban

Pourtant, son histoire est bien plus ancienne. En effet, né à la fin du Mésozoïque (vers – 66 millions d’années), soit peu ou prou en même temps que la disparition des dinosaures, le Garlaban culmine à 714 mètres d’altitude, et sa superficie avoisine les 8 000 hectares, soit plus de 11 000 fois (!!!) la taille de l’Orange Vélodrome, facilement visible depuis son sommet.

Car, oui, s’il domine Aubagne, située à ses pieds, le fantastique panorama à presque 360° qu’il offre vous emmène jusqu’à Marseille et la Méditerranée. Il a d’ailleurs longtemps servi de repère pour les marins s’approchant de la cité phocéenne. Cela explique sans doute que, parmi les différentes hypothèses quant à son nom, figure celle-ci : il serait la contraction des mots gardia (qui désigne une vigie, un poste d’observation) et laban (qui signifie grotte en provençal).

Néanmoins, Frédéric Mistral, pourtant grand défenseur de la langue d’oc, défendait, dans son dictionnaire « Lou Tresor dóu Felibrige », une autre origine : son appellation viendrait de l’association des mots gar ou guer (sommet en basque et en arabe) et laban (blanc en hébreu) et aurait été utilisée en premier lieu par des navigateurs phéniciens.

Cependant, comme gar signifie aussi en occitan « eau qui descend de la montagne » (et qu’on retrouve sur le nom de la rivière et du département voisin), il semble plus vraisemblable que Garlaban signifie « source de la grotte ». Et ce d’autant plus qu’on y dénombre justement de nombreuses grottes, connues et habitées depuis le Néolithique par des tribus sédentaires qui vivaient alors de la chasse dans les grandes forêts qui le recouvraient.

Un paysage caractéristique du Sud-Est

Par la suite, l’Homme a davantage exploité ses ressources minérales : sa roche calcaire, pour la production de chaux, et sa terre argileuse pour l’artisanat céramique (dont les santons).

Mais, bien évidemment, pour tout le monde, le Garlaban est synonyme de Marcel Pagnol, des collines où, enfant, il venait passer ses vacances, et qu’il a particulièrement dépeintes dans son livre « La Gloire de mon père » en 1957, après s’en être déjà servi de décor pour plusieurs de ses films emblématiques : « Angèle » (1934), « Regain » (1937) et « La fille du puisatier » (1940), tournés notamment avec l’illustre Fernandel,  mais aussi et, bien sûr, « Manon des sources » (1954 ; dont, étrangement, la nouvelle version de Claude Berri de 1986 sera tournée dans le Vaucluse).

De ce fait, avec son paysage de garrigue caractéristique du Sud-Est, le massif du Garlaban sent bon la Provence, et ses herbes aromatiques : thym, romarin, fenouil, menthe, etc. On y retrouve aussi toute une variété d’arbres et d’arbustes typiques, tels que le pin d’Alep, les chênes vert et blanc, le genêt, l’olivier, etc. On y entend également avec bonheur le doux chant de nombreux oiseaux, mêlé aux symboliques vibrations des cymbales de la cigale mâle.

Le Garlaban a façonné Marcel Pagnol

Ce paysage et ces parfums ont façonné la vie et l’œuvre de Marcel Pagnol, à tel point que, bien qu’installé à Paris où il exerce d’abord en tant que professeur, lui le fils d’instituteur ayant su lire dès l’âge de 3 ans, sa carrière artistique y débute en 1928 avec sa trilogie marseillaise (« Marius », « Fanny », « César »), présentée alors au théâtre. Et toute son œuvre, qu’elle soit littéraire ou cinématographique, tirera son origine de sa région natale.

C’est ainsi qu’en marchant sur le massif du Garlaban, on y trouvera les barres rocheuses du Saint-Esprit, qui conduisent à deux magnifiques belvédères, depuis lesquels l’auteur a décrit plusieurs sommets environnants, et les ruines de la ferme du film Angèle.

On croisera également le puits de Raimu rendu célèbre par la fille du Puisatier ou la Baume Sourne (qui signifie la grotte sombre en provençal), qui est la grotte de Manon des sources. On apercevra aussi le Taoumé, sommet calé à 690 m d’altitude où se trouve la grotte du Grosibou décrite dans sa trilogie Souvenirs d’Enfance, et depuis lequel on peut admirer la baie de Marseille, Aix-en-Provence et la Sainte-Victoire, et même la Sainte-Baume.

Les lieux emblématiques

Et, bien évidemment, en montant sur les hauteurs de La Treille on ne pourra pas échapper à la Bastide Neuve, que louait chaque été la famille Pagnol, et qui, comme il l’écrivit, « s’appelait La Bastide Neuve, mais elle était neuve depuis bien longtemps. C’était une ancienne ferme en ruine, restaurée trente ans plus tôt par un monsieur de la ville ». À noter que, aujourd’hui laissée à l’abandon, elle ne se visite pas.

Tous ces lieux emblématiques font partie de plusieurs parcours de randonnée bien balisés, à partir de points de départ différents, parmi lesquels le cimetière de La Treille, où Marcel Pagnol est enterré, le domaine de Font de Mai, situé à Aubagne, et qui propose de nombreuses activités dont un écomusée, ou le vaste domaine de Pichauris, accessible depuis la route d’Allauch.

Pour les amateurs, l’Office de Tourisme du Pays d’Aubagne et de l’Etoile organise chaque année, à la fin avril, une journée pour commémorer la disparition de l’écrivain, en proposant deux circuits de randonnée – l’un de 9 km, l’autre de 20 km -, passant par les lieux de tournage de ses films et les sites évoqués dans ses ouvrages.

Mais, bien évidemment, compte-tenu de sa superficie, le massif du Garlaban représente, pour les randonneurs ou les simples amateurs de la nature, bien plus qu’un lieu de pèlerinage à la gloire de l’auteur. Les multiples sentiers présents offrent un vaste éventail de possibilités, dont de nombreux sites ou applications spécialisés en détaillent les parcours et les difficultés.

De ce fait, vous l’aurez compris, les raisons de vous rendre sur le Massif du Garlaban ne manquent pas, et il est fort à parier que, une fois sur place, vous n’aurez plus envie d’en repartir !

Crédit Photo : clementp.fr