Cela fait des années que notre intérêt pour une consommation plus durable et plus respectueuse de l’environnement croît. Cependant, malgré l’attention de plus en plus importante que nous accordons à ce phénomène, les véritables changements se font attendre. Dès lors, nous avons le droit, si ce n’est le devoir, de nous demander si cette crise du Covid-19 n’est pas le signal d’un changement radical et nécessaire vers une consommation plus équitable et plus responsable. En effet, nous avons tous entendu dire que la vie d’après ne sera pas la vie d’avant. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement et surtout, qu’est-ce que cela devrait être ? Nous allons changer nos habitudes mais nous allons surtout devoir changer nos habitudes de consommation alimentaires. Et parce qu’au delà de savoir « comment », il est essentiel de savoir « pourquoi », nous avons rassemblé quatre approches à l’origine de ces changements nécessaires, qui sont les suivantes : – Le respect de l’être-vivant dans son entièreté, y compris les animaux – Le respect de notre planète, de nos terres et leurs ressources – Le respect de notre corps et notre santé – La volonté d’une consommation plus locale

Ouvrir les yeux

Cette dernière décennie nous a permis d’ouvrir les yeux sur la réalité du monde et le fait que nous n’avons pas tous la chance de vivre dans un pays développé comme la France. De fait, le grand public a pris conscience que lorsque nous hésitons dans les rayons des supermarchés entre les lingettes démaquillantes et les disques de coton pour savoir lequel est le moins cher ; au même moment, ailleurs dans le monde, un enfant de moins de 10 ans travaille dans les champs de coton pour ramasser ce produit nécessaire à la survie de sa famille. Nous avons également été éclairés, durant cette même-période, sur les pratiques des grandes industries alimentaires concernant la traite des animaux et la non prise en compte de leur souffrance dans un souci de rentabilité. Certaines dispositions ont d’ailleurs été prises par notre gouvernement pour changer ces situations mais encore trop de souffrances ont été constatées. Dès lors, les mouvements ainsi que les associations de protection des animaux se sont multipliés pour dénoncer, accuser et faire changer les esprits concernant ce sujet. Le mouvement Vegan est d’ailleurs de plus en plus important que ce soit en France ou ailleurs dans le monde. Par conséquent, dans un souci éthique mais également de santé que nous traiterons dans le paragraphe suivant, de plus en plus de Français ont réduit leur consommation de viande au quotidien. Nous avons même vu apparaitre ces deux dernières années, toujours dans les rayons des grandes-surfaces, de plus en plus de substituts à la viande.

Les enjeux d’une consommation différente

En ce qui concerne la protection des ressources de notre planète, il est intéressant d’énoncer en premier lieu une étude de l’Onu qui nous explique que si la population mondiale atteint 9,6 milliards de personnes d’ici à 2050, l’équivalent de près de trois planètes seraient nécessaires pour fournir les ressources dont nous avons besoin afin de maintenir nos modes de vie actuels.

Cela permet tout de suite de comprendre les enjeux d’une consommation différente. Moins riche en eau, moins polluante, moins étendue et plus locale. En ce qui concerne l’eau tout d’abord, il est essentiel de savoir que moins de 3% des ressources en eau de la planète terre existent sous forme d’eau douce. Sachant que 2,5% de ces 3% sont stockés dans l’Antarctique, Arctique et les glaciers, l’être humain dispose donc des 0,5% restants pour l’ensemble de ses écosystèmes et ses besoins en eau douce. Tout cela en sachant que nous polluons beaucoup plus rapidement l’eau que ce qu’il faut de temps à la nature pour recycler et purifier cette ressource si précieuse.

La transition vers de nouveaux modes de consommation

Par ailleurs, dans un objectif de transition vers de nouveaux modes de consommation, se place la volonté de prendre soin de sa santé, dans des proportions plus importantes qu’au préalable. Diminuer sa consommation de viande, augmenter sa consommation de produits biologiques ou encore limiter l’utilisation de produits phytosanitaires pour la production alimentaire, sont autant de sujets que nous avons vu émerger ces dernières années. Tout cela dans quel but ? Une meilleure santé. En effet, bien que notre espérance de vie ne cesse d’augmenter, nous accordons une place prépondérante à notre santé et à l’impact de notre consommation alimentaire sur cette dernière. Dès lors, il convient de prendre la mesure et faire le point sur les tendances qui ont émergées. Tout d’abord, une surconsommation des produits d’origine animale a des effets néfastes sur la santé et cela conduit notamment à des problèmes de surpoids et d’obésité. Si l’on établit par exemple les liens entre cancer du côlon et consommation de viande, l’étude EPIC* (European Prospective Investigation on Cancer and Nutrition) annonce que pour les personnes qui mangent plus de 200g de viande par jour, le risque d’être atteint du cancer augmente de 40%.

L’obésité est un autre problème qui prend une place de plus en plus importante en France. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), qui fait partie de l’Organisation Mondiale de la Santé, a évalué en 2015 la cancérogénicité de la consommation de viande rouge et de viande transformée. Il est ressorti de cette étude que la consommation de viande rouge a été classée comme probablement cancérogène pour l’homme. La viande transformée (cordon bleue, nuggets etc.) a quant à elle était classée comme cancérogène pour l’Homme. Nous avons également vu apparaître sur le champ médiatique ces dernières années, le problème des produits phytosanitaires. Ces derniers sont utilisés dans l’agriculture pour protéger les récoltes des insectes, champignons, mauvaises herbes et d’autres nuisibles. Il s’avère néanmoins que ces pratiques laissent des traces sur les productions alimentaires que l’Homme consomme et cela a donc un impact négatif sur notre santé. Il en découle une utilisation méprisée de ces produits et un essor considérable de l’alimentation biologique ces dernières années. On retient également à ce propos l’amende record de 2 milliards de dollars que l’entreprise Monsanto a été condamnée à verser à un couple d’Américain atteint du cancer. Maladie dont ils attribuent l’origine à l’utilisation du désherbant Round-Up depuis 1982.

S’orienter vers la consommation locale

La volonté d’une consommation plus locale est le dernier point important de cette analyse mais pas des moindres. En effet, que ce soit en France, mais également en Europe, les consommateurs veulent consommer plus local et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, une consommation locale est considérée comme plus responsable par les consommateurs ayant répondu à l’étude de l’observatoire Cetelem fin 2018. Mais qu’est-ce qu’une consommation responsable ? Une consommation est considérée comme responsable dès lors que le fait d’acheter a une conséquence positive sur l’environnement ou sur la société. Il s’en suit dans cette démarche de consommation locale et donc responsable, le soutien aux producteurs et aux agriculteurs, qui, selon le baromètre de la transition alimentaire réalisé par Opinionway pour Max Havelaar France, est la première motivation de la consommation responsable pour 59 % des Français. D’autre part, les Français considèrent les productions locales alimentaires comme plus qualitatives de par leur savoir-faire et pour la moindre utilisation de produits phytosanitaires en comparaison à l’industrie agro-alimentaire. Enfin, cette consommation locale apporte un atout supplémentaire qui est la réduction du transport et donc la réduction des émissions de gaz à effet de serre liés à la consommation.