La ville de Marseille et plus largement la Provence possèdent un patrimoine pâtissier exceptionnel, fruit de siècles d’histoire, d’influences méditerranéennes et de traditions familiales. Des célèbres Treize Desserts de Noël aux douceurs quotidiennes, chaque spécialité de Provence comme chaque dessert de Marseille raconte une histoire unique, témoignant de l’identité culinaire de cette terre généreuse. Ce guide vous présente l’origine, la recette traditionnelle et les usages de chaque dessert emblématique de cette région ensoleillée.
1. Les Treize Desserts de Noël en Provence : Une Tradition Sacrée
Table représentant les desserts traditionnels de Noël en Provence
Origine et Histoire des Treize Desserts
Les Treize Desserts constituent la tradition sucrée la plus emblématique des spécialités sucrées de Provence. Cette coutume remonte au XVIIe siècle, mais c’est en 1925 que Joseph Fallen, membre du Félibrige, fixe définitivement le nombre treize, symbolisant le Christ et ses douze apôtres.
Composition Traditionnelle :
Les incontournables :
- La pompe à l’huile (voir détail ci-dessous)
- Les quatre mendiants : amandes (Carmes), figues sèches (Franciscains), noisettes (Augustins), raisins secs (Dominicains)
- Le nougat blanc et le nougat noir
- Les dattes
- Les mandarines ou oranges
- Le melon d’hiver (verdau)
- Les fruits confits
- Les calissons d’Aix (dans certaines familles)
- Pâtes de fruits ou de coing
Usage et Traditions
Les Treize Desserts sont disposés sur la table du réveillon après le « gros souper » du 24 décembre. Ils restent sur la table pendant trois jours. Chaque convive doit goûter à tous les desserts pour s’assurer prospérité et bonheur pour l’année à venir.
Rituel de présentation :
- Disposés sur trois nappes blanches superposées (symbolisant la Trinité)
- Accompagnés de trois bougies blanches
- Entourés des coupelles de blé de la Sainte-Barbe
2. La Pompe à l’Huile : Le Pain Sucré de Noël
Origine et Histoire
La pompe à l’huile, emblème de la tradition provençale, tire son nom d’une ancienne pratique des moulins à huile : autrefois, la farine était utilisée pour « pomper » les résidus d’huile d’olive restés au fond des cuves après le pressage. Cette astuce ingénieuse donnait naissance à une pâte souple, enrichie de sucre, qui fut peu à peu transformée en un pain délicatement parfumé à la fleur d’oranger. Devenu incontournable lors des célébrations de Noël, il incarne aujourd’hui bien plus qu’un simple pain : la pompe à l’huile est un véritable dessert de Marseille, à la croisée des savoir-faire paysans et des douceurs festives du Sud.
Pompe à l’huile traditionnelle de Provence
Recette Traditionnelle :
- 500 g de farine
- 100 g de sucre
- 100 ml d’huile d’olive vierge extra
- 20 g de levure de boulanger
- 3 œufs
- Zeste d’1 orange
- 2 cuillères à soupe d’eau de fleur d’oranger
- 1 pincée de sel
- Lait/Eau tiède pour délayer
Préparation :
Délayez la levure dans un peu de lait tiède, puis, dans un grand saladier, mélangez la farine, le sucre et le sel. Creusez un puits au centre et versez-y les œufs battus, l’huile d’olive, les zestes et l’eau de fleur d’oranger. Ajoutez la levure délayée, pétrissez la pâte 10 à 15 minutes jusqu’à ce qu’elle soit souple et homogène, couvrez d’un torchon et laissez lever 2 à 3 heures. Façonnez ensuite la pâte en galette, pratiquez sept entailles en souvenir des sept jours de la semaine, laissez de nouveau lever 45 minutes, puis enfournez à 180 °C pour 25 à 30 minutes.
À noter :
La pompe à l’huile préside la table des Treize Desserts. Elle doit impérativement être rompue à la main et non coupée au couteau, sous peine d’être ruiné dans l’année selon la tradition.
Origine et Histoire des Navettes de Marseille
Les navettes de Marseille sont bien plus que de simples biscuits provençaux : elles incarnent un pan vivant de l’histoire et des traditions de la cité phocéenne. Nées en 1781 dans la boulangerie d’Aveyrous, à quelques pas de l’abbaye Saint-Victor, ces gourmandises à la texture croquante et au parfum délicat de fleur d’oranger évoquent, par leur forme effilée, la barque qui aurait conduit les Saintes-Maries sur les rivages de Provence. Depuis plus de deux siècles, le Four des Navettes perpétue ce savoir-faire avec la même exigence. Véritable dessert de Marseille, elles se dégustent tout au long de l’année, mais prennent une place particulière lors de la Chandeleur, où elles remplacent traditionnellement les crêpes, bénies après la messe en l’honneur de la Vierge noire.
Navettes de Provence
Recette Traditionnelle ( environ 40 pièces) :
- 500 g de farine de blé (T55 de préférence)
- 200 g de sucre en poudre
- 6 c. à s. d’huile d’olive (≈ 50 ml)
- 3 c. à s. d’eau de fleur d’oranger
- 1 c. à c. d’extrait naturel d’orange ou le zeste finement râpé d’une orange bio
- 2 œufs frais
- ½ c. à c. de sel fin
- Lait (pour la dorure
Préparation :
-
Blanchir : fouettez les œufs avec le sucre jusqu’à obtenir une mousse légère.
-
Parfumer : incorporez le sel, l’eau de fleur d’oranger, l’extrait (ou le zeste) d’orange, puis versez l’huile d’olive en filet.
-
Pétrir : ajoutez la farine en plusieurs fois ; dès que la pâte se raffermit, terminez à la main pour former une boule homogène.
-
Repos : couvrez et laissez reposer 1 h à température ambiante pour que les arômes se diffusent.
-
Façonnage : divisez la pâte en 40 portions. Roulez chaque morceau en boudin de 8 à 10 cm, pincez délicatement les extrémités pour dessiner la « barque », puis incisez la navette sur toute sa longueur avec la pointe d’un couteau.
-
Dorure : badigeonnez chaque navette d’un voile de lait pour une croûte brillante.
-
Cuisson : enfournez à 180 °C (four préchauffé) pendant 18 à 20 minutes, jusqu’à ce que les biscuits soient blond-doré.
À noter :
Laissez totalement refroidir vos navettes, puis conservez-les dans une boîte métallique hermétique : elles restent croquantes pendant plusieurs mois et leur parfum d’agrume se développe même avec le temps. Servez-les au goûter, accompagnées d’un café, d’un thé ou d’un verre de vin cuit de Provence pour une pause gourmande 100 % marseillaise.
5. Le Gibassier : La Galette à l’Huile d’Olive
Origine et Histoire
Le gibassier, souvent méconnu du grand public, est pourtant un véritable trésor de la pâtisserie provençale. Son nom provient du mot provençal giba, signifiant « bosse », en référence à sa forme légèrement bombée et irrégulière, marquée de fentes caractéristiques. Si certains le confondent avec la pompe à l’huile — plus moelleuse et associée aux fêtes de Noël —, le gibassier s’en distingue par une texture plus sèche et friable, subtilement sablée, idéale pour accompagner un café ou un verre de vin doux. Parfumé à l’anis, à la fleur d’oranger ou parfois au fenouil, ce biscuit rustique incarne, à sa manière, l’authenticité d’un dessert de Provence, discret mais profondément enraciné dans les traditions culinaires de la région.
Dessert de Provence : Le Gibassier
Recette Traditionnelle :
Ingrédients (2 gibassiers) :
-
- 500 g de farine
- 150 g de sucre
- 150 ml d’huile d’olive
- 3 œufs
- Zeste d’1 citron
- 1 cuillère à soupe de graines d’anis
- 10 g de levure de boulanger
- Sel
Préparation :
- Délayer la levure dans un peu d’eau tiède
- Mélanger tous les ingrédients secs
- Ajouter œufs, huile, zestes et levure
- Pétrir jusqu’à obtenir une pâte lisse
- Laisser lever 1 heure
- Diviser en deux, former des galettes épaisses
- Entailler en forme de feuille
- Cuire 20-25 minutes à 180°C
À noter :
Consommé toute l’année, particulièrement apprécié au petit-déjeuner trempé dans le café. Sa texture sèche lui permet de se conserver longtemps, idéal pour les « gibecières » des chasseurs.
4. Les Calissons d’Aix : Les Losanges Royaux
Origine et Histoire du Calisson d’Aix
Selon une légende remontant au XVe siècle, le roi René d’Anjou, homme de lettres et mécène éclairé, aurait fait confectionner une délicate confiserie pour égayer le cœur de sa jeune promise, Jeanne de Laval. Touchée par la douceur de cette attention, elle se serait exclamée en provençal : « Di calin soun ! » – « Ce sont des câlins ! » – expression qui aurait donné son nom à cette gourmandise. Mais au-delà du charme romanesque, l’étymologie la plus probable renvoie au mot latin calice, évoquant une petite coupe ou un contenant, sans doute en lien avec la forme originelle de la friandise. Qu’elle soit née d’un geste amoureux ou d’un mot ancien, cette douceur délicate s’est inscrite dans le patrimoine culinaire du Sud comme une authentique spécialité sucrée de Provence, empreinte de poésie et de tradition.
Calissons d’Aix produits à Aix-en-Provence
Recette Traditionnelle :
-
Ingrédients (30 calissons) :
- 200 g de poudre d’amandes
- 100 g de melon confit
- 50 g d’écorces d’orange confites
- 150 g de sucre glace
- 2 cuillères à soupe de miel
- Feuilles de pain azyme
- Pour le glaçage : 1 blanc d’œuf + 150 g de sucre glace
Préparation :
- Mixer finement amandes, fruits confits et sucre glace
- Ajouter le miel, malaxer jusqu’à obtenir une pâte homogène
- Étaler entre deux feuilles de papier sulfurisé (épaisseur 1 cm)
- Découper des losanges de 3-4 cm
- Poser sur pain azyme
- Glacer avec blanc d’œuf battu et sucre glace
- Laisser sécher 24 heures à température ambiante
À noter :
Les calissons font partie des Treize Desserts dans la région aixoise. Ils accompagnent également le café et se dégustent lors des grandes occasions. Conservation dans une boîte hermétique à l’abri de l’humidité.
Origine et Histoire
Traditionnellement associées au Carnaval et au Mardi Gras, les oreillettes sont de fines pâtisseries croustillantes que l’on prépare pour célébrer la fin du Caramantran, période festive précédant le Carême. Leur nom vient de leur forme légère et irrégulière, rappelant celle d’une oreille, et leur texture aérienne en fait une gourmandise très appréciée.
En Provence, le Caramantran ne se résume pas à la gourmandise : il donne lieu à une véritable mise en scène populaire. Un mannequin — souvent grotesque ou satirique — est promené dans les rues, puis jugé et brûlé lors d’un simulacre de procès. Ce rite collectif symbolise la fin de l’hiver et l’expiation des maux de l’année écoulée. Dans ce contexte à la fois joyeux et cathartique, les oreillettes apportent la touche sucrée à ces jours gras, partageant la table avec d’autres douceurs régionales.
Parfumées à la fleur d’oranger, au citron ou à l’anis, frites jusqu’à devenir dorées et légères, les oreillettes incarnent ainsi bien plus qu’une simple gourmandise : elles sont une véritable spécialité sucrée de Provence, héritée d’un savoir-faire ancien et intimement liée aux cycles festifs et agricoles de la région.
Dessert de Provence : Les Oreillettes
Recette Traditionnelle :
-
Ingrédients (50 oreillettes) :
- 500 g de farine
- 4 œufs
- 100 g de beurre fondu
- 100 g de sucre
- Zeste de 2 citrons
- 3 cuillères à soupe de rhum
- Huile pour friture
- Sucre glace
Préparation :
- Battre œufs et sucre jusqu’à blanchissement
- Ajouter beurre fondu, rhum et zestes
- Incorporer la farine progressivement
- Pétrir jusqu’à obtenir une pâte lisse
- Laisser reposer 2 heures au frais
- Étaler très finement (2-3 mm)
- Découper en rectangles, losanges ou formes fantaisie
- Frire dans l’huile à 180°C jusqu’à dorure
- Égoutter et saupoudrer de sucre glace
À noter :
Consommées chaudes de préférence, les oreillettes sont le dessert festif du Carnaval. Elles se conservent quelques jours dans une boîte hermétique mais perdent leur croustillant.
8. Le Nougat Blanc et Noir : Les Confiseries de Noël
Origine et Histoire
Introduit en Provence dès le Xe siècle sous l’influence des échanges avec le monde arabe, le nougat puise ses racines dans une tradition méditerranéenne ancienne, étroitement liée à la culture de l’amandier et à l’abondance du miel local. Le nougat noir, composé uniquement de miel, de sucre et d’amandes torréfiées, est la forme la plus ancienne de cette confiserie. Sa texture dense et son goût caramélisé reflètent la sobriété des recettes d’antan.
Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’apparaît le nougat blanc, plus tendre et aéré, grâce à l’ajout de blancs d’œufs montés en neige. Ce raffinement culinaire marque une évolution dans les goûts et les savoir-faire, tout en conservant les ingrédients emblématiques du terroir provençal.
Présent sur toutes les tables lors des fêtes de Noël, aux côtés des treize desserts, le nougat est devenu une spécialité sucrée de Provence à part entière, mêlant patrimoine culinaire, influences orientales et traditions locales transmises de génération en génération.
Dessert de Provence : Le Nougat Blanc
Recette du Nougat Noir
Ingrédients :
- 250 g de miel de lavande
- 250 g d’amandes entières
- Feuilles de pain azyme
Préparation :
- Griller légèrement les amandes
- Chauffer le miel à 150°C (utiliser un thermomètre)
- Ajouter les amandes, mélanger vigoureusement
- Verser entre deux feuilles de pain azyme
- Presser et laisser refroidir
- Découper en barres
Recette du Nougat Blanc
Ingrédients :
- 200 g de miel
- 200 g de sucre
- 50 ml d’eau
- 2 blancs d’œufs
- 300 g d’amandes et pistaches
- Vanille
Préparation :
- Cuire sucre et eau à 150°C
- Chauffer le miel à 120°C
- Monter les blancs en neige ferme
- Verser le sirop chaud sur les blancs en fouettant
- Ajouter le miel, fouetter 10 minutes
- Incorporer les fruits secs
- Procéder comme pour le nougat noir
À noter :
Éléments essentiels des Treize Desserts. Le nougat se conserve plusieurs mois dans un endroit sec. Se déguste en petits morceaux avec le café ou le thé.
7. La Tarte Tropézienne : L’Innovation Devenue Classique
Origine et Histoire
Créée en 1955 par Alexandre Micka, un pâtissier d’origine polonaise installé à Saint-Tropez, la tarte tropézienne est née d’un subtil mélange entre traditions de l’Est et douceur méditerranéenne. Inspirée d’une recette familiale de brioche garnie d’une crème onctueuse à base de beurre et de crème pâtissière, cette pâtisserie rencontre un destin inattendu sur les plateaux de cinéma.
Alors que Roger Vadim tourne Et Dieu créa la femme, Brigitte Bardot, séduite par cette création, suggère à Alexandre Micka de lui donner un nom : ce sera la tarte de Saint-Tropez. Le nom est adopté… et rapidement déposé. Dès lors, cette brioche dorée, généreusement saupoudrée de grains de sucre, devient emblématique du golfe de Saint-Tropez, associée au glamour des années 1950.
Aujourd’hui encore, la tarte tropézienne incarne un dessert de Provence emblématique. Derrière son apparente simplicité se cache un équilibre délicat entre textures et saveurs, devenu un symbole de l’art de vivre provençal.
Dessert de Provence : La Tropezienne
Recette Traditionnelle :
Pour la brioche :
- 250 g de farine
- 50 g de sucre
- 5 g de sel
- 10 g de levure fraîche
- 3 œufs
- 125 g de beurre
- Sucre en grains pour le dessus
Pour la crème :
- 500 ml de lait
- 6 jaunes d’œufs
- 100 g de sucre
- 50 g de farine
- 200 g de beurre
- Vanille
Préparation :
- Préparer la brioche classique, laisser lever
- Cuire en forme ronde 30 minutes à 170°C
- Pour la crème : réaliser une crème pâtissière
- Une fois froide, incorporer le beurre pommade
- Couper la brioche en deux horizontalement
- Garnir généreusement de crème
- Replacer le chapeau
À noter :
Dessert festif par excellence, la Tarte Tropézienne se conserve au frais et se déguste dans les 48 heures. Sortir 15 minutes avant dégustation pour apprécier toutes les saveurs.
9. Les Croquants : Les Biscuits aux Amandes
Origine et Histoire des « Casse-dents »
Les casse-dents sont des biscuits rustiques que l’on retrouve dans plusieurs régions de Provence, chacun les adaptant à sa manière selon les traditions locales. Leur nom, évocateur et sans détour, vient de leur texture exceptionnellement croquante — parfois même redoutée — qui « casse sous la dent ». Élaborés à partir d’ingrédients simples comme la farine, le sucre, les œufs et parfois les amandes, ces biscuits sont cuits longuement pour leur conférer cette dureté caractéristique.
Selon les villes, on y trouve des variantes : certains y ajoutent de l’anis, d’autres du zeste de citron ou encore des épices. Leur rôle dans la culture provençale est souvent lié à des fêtes religieuses ou aux périodes de grande production agricole, où l’on préparait ces biscuits en grande quantité pour les conserver longtemps.
Malgré leur austérité apparente, les casse-dents n’en demeurent pas moins une authentique spécialité sucrée de Provence, témoin d’un temps où la simplicité des ingrédients et la robustesse des textures allaient de pair avec la convivialité des traditions régionales.
Dessert de Provence : Les croquants
Recette du Croquant de Provence
Ingrédients (30 croquants) :
- 250 g de farine
- 200 g de sucre
- 2 œufs
- 100 g de beurre fondu
- 200 g d’amandes entières
- 1 sachet de levure chimique
- Zeste de citron
Préparation :
- Mélanger farine, sucre et levure
- Ajouter œufs, beurre et zeste
- Incorporer les amandes entières
- Former deux boudins sur une plaque
- Cuire 25 minutes à 180°C
- Sortir, couper en tranches de 1,5 cm
- Remettre au four 10 minutes pour sécher
À noter :
Parfaits pour accompagner le café, les croquants se conservent plusieurs semaines dans une boîte hermétique. Certains les trempent rapidement dans le café pour les ramollir légèrement.
10. Le Chichi-Frégi : Le Beignet de l’Estaque
Origine et Histoire de ce dessert Marseillais
Spécialité emblématique du quartier de l’Estaque à Marseille, le chichi frégi fait partie de ces douceurs populaires qui éveillent à la fois la gourmandise et la mémoire. Cousin du churro espagnol, il s’en distingue par sa pâte plus épaisse et moelleuse, souvent parfumée à la fleur d’oranger et roulée dans le sucre après cuisson. Vendu chaud, à même la rue, ce beignet allongé accompagne depuis des décennies les balades sur le front de mer, devenu au fil du temps un véritable dessert de Marseille, ancré dans le paysage culinaire local.
Chaque vendeur de l’Estaque perpétue sa propre recette, transmise oralement, souvent tenue secrète et jalousement gardée de génération en génération. À Marseille, déguster un chichi frégi n’est pas seulement un plaisir sucré : c’est un petit rite de passage, un souvenir d’enfance, une madeleine populaire qui relie les habitants à leur quartier et à une tradition bien vivante.
Dessert de Provence : Les Oreillettes
Recette Traditionnelle :
-
Ingrédients :
- 250 g de farine
- 300 ml d’eau
- 50 g de beurre
- 3 œufs
- 1 cuillère à soupe d’eau de fleur d’oranger
- 1 cuillère à café de sel
- Huile d’olive pour friture
- Sucre pour saupoudrer
Préparation :
- Porter à ébullition eau, beurre et sel
- Retirer du feu, ajouter la farine d’un coup
- Mélanger vigoureusement jusqu’à décollement
- Laisser tiédir, incorporer œufs un à un
- Ajouter l’eau de fleur d’oranger
- Mettre la pâte dans une poche à douille cannelée
- Faire chauffer l’huile à 180°C
- Former des bâtons ou spirales directement dans l’huile
- Frire jusqu’à dorure, égoutter
- Rouler dans le sucre
À noter :
Consommées chaudes de préférence, les oreillettes sont le dessert festif du Carnaval. Elles se conservent quelques jours dans une boîte hermétique mais perdent leur croustillant.
Références bibliographiques – Normes APA
Sources primaires
-
Fallen, J. (1925). Les treize desserts. La Pignato, numéro spécial de Noël. Archives du Félibrige, Arles.
-
Marchetti, F. (1683). Explication des usages et coutumes des Marseillais. Archives municipales de Marseille.
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Manuel pratique de cuisine provençale : recueil des meilleures recettes culinaires des principaux chefs de cuisine de Provence. (1920). Paris : Bibliothèque nationale de France. Source : Gallica BNF.
Sources contemporaines
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Sources secondaires et institutionnelles
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Lexique occitan‑français (CNRS / Université d’Aix‑Marseille). (n.d.). Entrées “giba”, “Caramentran” et expressions provençales. Consulté sur https://www.cnrs.fr
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Mistral, F. (1878–1886). Lou Tresor dóu Felibrige (Dictionnaire provençal‑français). Aix‑en‑Provence : Remondet‑Aubin.
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Office de tourisme de Marseille. (n.d.). Les spécialités marseillaises de rue (chichis fregis). Consulté sur https://www.marseille-tourisme.com fr.wikipedia.org+12marseille-tourisme.com+12marseille-tourisme.com+12
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Office de tourisme de Sault. (n.d.). Le nougat de Provence. Consulté sur https://www.sault.fr
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Site officiel de La Tarte Tropézienne®. (n.d.). Histoire et origine de la Tarte Tropézienne. Consulté sur https://www.latartetropezienne.fr
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