Les couverts végétaux, thème captivant et essentiel pour la préservation de nos écosystèmes et la pérennité de nos pratiques agricoles, suscitent depuis quelques décennies l’attention soutenue des agriculteurs et des chercheurs. En effet, ces derniers s’attachent à explorer de nouvelles méthodes agricoles, à la fois performantes et respectueuses de l’environnement. Parmi celles-ci, figure la technique dite du « couvert végétal », qui consiste à ensemencer des plantes de couverture entre les cultures principales, afin de protéger et d’optimiser la qualité des sols. Ainsi, dans un contexte de bouleversements climatiques et de pression croissante sur les ressources naturelles, l’usage de cette méthode apparaît comme un levier fondamental en faveur d’une agriculture durable et résiliente. Ainsi, nous tenterons d’examiner ici les multiples atouts de cette pratique, tels que l’amélioration de la fertilité des sols, la réduction de l’érosion et la préservation de la biodiversité, tout en abordant les défis et les contraintes inhérents à son emploi. Enfin, nous étudierons les différentes stratégies de mise en œuvre des couverts végétaux, afin d’adapter celles-ci aux exigences spécifiques de chaque exploitation.

En ce qui concerne leurs caractéristiques, les couverts végétaux se définissent comme un ensemble de plantes, généralement non récoltées, cultivées intentionnellement entre ou à côté des cultures principales, dans le but d’améliorer la qualité et la fertilité des sols, de protéger les ressources naturelles et de favoriser la biodiversité. On retrouve notamment des légumineuses, des graminées et des crucifères parmi d’autres espèces végétales choisies en fonction des objectifs spécifiques et des conditions environnementales de chaque exploitation.

Les avantages des couverts végétaux

Parmi les principales fonctions des couverts végétaux, plusieurs éléments méritent une attention particulière :

Contrôle de l’érosion

Le couvert végétal protège le sol de l’érosion éolienne et hydrique en fournissant une couverture physique qui réduit la force d’impact des gouttes de pluie et la vitesse du vent à la surface du sol. Il contribue également à retenir l’humidité du sol et améliorer sa capacité d’infiltration, limitant ainsi le ruissellement et l’érosion de ce dernier.

Réduction du lessivage des éléments nutritifs

Au sein des avantages que revêt cette méthode, on retrouve la capacité des plantes cultivées à absorber les éléments nutritifs disponibles dans le sol, réduisant ainsi le risque de lessivage des composants nutritifs essentiels dans les eaux de surface et les eaux souterraines.

Amélioration de la structure et de la stabilité du sol

Le couvert végétal favorise le développement de la biomasse et des réseaux racinaires qui améliorent la structure et la stabilité du sol. Les racines aèrent le sol, facilitant l’infiltration de l’eau et la croissance des cultures suivantes. De surcroît, la décomposition des résidus végétaux accroît la teneur en matière organique du sol et améliore ainsi sa fertilité.

Fixation de l’azote atmosphérique et mobilisation des éléments nutritifs

Certaines espèces qui composent les couverts végétaux,  telles que les légumineuses, possèdent la faculté de fixer l’azote atmosphérique par le biais d’une symbiose avec des bactéries rhizobiennes. Cette caractéristique permet d’enrichir le sol en azote, élément nutritif capital pour la croissance des plantes. À titre d’exemple, « Une culture de légumineuse qui sera fauchée et répandue sur une autre parcelle pour en augmenter le niveau d’azote sera <…> une forme d’engrais organique pour cette parcelle. » Par ailleurs, la couverture végétale contribue à la mobilisation des éléments nutritifs rares, tels que le phosphore, en les solubilisant et en les rendant accessibles aux cultures principales.

Lutte contre les parasites et les maladies

Les couverts végétaux offrent un habitat propice aux organismes bénéfiques, tels que les prédateurs naturels des ravageurs et les agents de lutte biologique contre les maladies. Dès lors, en diversifiant l’écosystème agricole, les couverts végétaux interrompent le cycle de vie des ravageurs et réduisent la pression des ravageurs et des maladies sur la culture principale.

Cette méthode de culture joue également un rôle prépondérant dans la séquestration du carbone en stockant le CO2 atmosphérique dans la biomasse végétale et la matière organique du sol, contribuant ainsi à l’atténuation du changement climatique et à la résilience des systèmes agricoles face aux aléas climatiques Des études révélées dans le documentaire Netflix «  Kiss the Ground » montrent d’ailleurs les différences colossales en termes d’impact sur le climat entre ce type de culture et le labour.

En somme, la couverture végétale s’impose comme une pratique agronomique incontournable pour améliorer la santé des sols, préserver les ressources naturelles et promouvoir la biodiversité, contribuant ainsi à une agriculture durable et résiliente.

Les défis et contraintes liés à l’utilisation des couverts végétaux

Néanmoins, en dépit de leurs avantages indéniables, certains inconvénients doivent être pris en considération afin d’optimiser leur intégration dans les systèmes agricoles.

Compétition pour les ressources

Parmi les inconvénients de cette pratique, on retrouve la possibilité pour les plantes qui servent de couvert végétal d’entrer en concurrence avec les cultures principales pour l’accès à l’eau, aux nutriments et à la lumière, ce qui nécessite une gestion prudente et une sélection appropriée des espèces pour minimiser ce risque.

Coûts supplémentaires

La mise en œuvre et la gestion des couverts végétaux impliquent des coûts supplémentaires tels que l’achat de semences et les coûts d’équipement, mais ceux-ci peuvent être compensés à moyen-long terme par les avantages agronomiques, environnementaux et économiques qu’elles procurent.

Complexité de la gestion

L’adoption d’une couverture végétale nécessite une gestion plus sophistiquée du système agricole, avec la prise en compte de facteurs tels que la sélection des espèces, le calendrier des semis et des enlèvements, et l’intégration dans les rotations de cultures.

Risque d’héberger des ravageurs et des agents pathogènes

Les plantes des couverts végétaux peuvent parfois servir d’hôtes à certains ravageurs et maladies, augmentant ainsi la pression sur la culture principale. Une planification et un suivi méticuleux sont nécessaires pour gérer ce problème.

Élimination et gestion des résidus

L’enlèvement des résidus de culture, en particulier ceux qui ont des tiges robustes ou des racines profondes, peut s’avérer ardu sur le plan mécanique et nécessite un équipement approprié. De plus, la gestion des résidus de culture après leur destruction doit être soigneusement orchestrée pour faciliter leur décomposition et éviter d’entraver la croissance des cultures suivantes.

Stratégies de mise en œuvre des couverts végétaux

Par ailleurs, le choix d’une couverture végétale adéquate est essentiel pour tirer pleinement parti de cette pratique agronomique. De fait, plusieurs critères doivent être pris en compte lors de la sélection des espèces de couverture à inclure dans un système de culture.

Objectifs agronomiques

Les agriculteurs doivent clairement identifier les objectifs de l’implantation de ce type de culture, tels que la fixation de l’azote, le contrôle de l’érosion, la suppression des mauvaises herbes, la promotion de la biodiversité ou l’amélioration de la structure du sol. Les espèces choisies doivent donc répondre à ces objectifs spécifiques.

Adaptabilité aux conditions locales

Les espèces choisies comme couverts végétaux doivent être sélectionnées en fonction de leur capacité à se développer dans des conditions environnementales locales, telles que le climat, la texture et la fertilité du sol ou encore la disponibilité de l’eau.

Compatibilité avec les cultures principales

Il est absolument nécessaire de sélectionner des couverts végétaux qui s’intègrent harmonieusement dans les rotations de cultures et qui n’interfèrent pas avec la croissance des cultures principales. Ce type de culture doit également avoir une faible concurrence pour les ressources et ne pas abriter de ravageurs ou de maladies susceptibles d’affecter la culture principale.

Facilité de gestion

Les espèces choisies doivent être relativement faciles à planter, à entretenir et à détruire, en tenant compte des contraintes physiques et temporelles de l’agriculteur. Les espèces à croissance rapide et à cycle court, dont les résidus sont facilement décomposables, sont souvent préférées.

Biodiversité

La diversification des espèces de couverture peut apporter des avantages environnementaux et agronomiques supplémentaires, notamment en termes de résistance aux aléas climatiques et aux perturbations biotiques. Il est donc recommandé d’envisager des mélanges d’espèces pour optimiser les effets de la couverture végétale.

En somme, le choix d’une couverture végétale appropriée repose sur une évaluation approfondie des objectifs agronomiques, des conditions environnementales locales, de la compatibilité avec les cultures principales et des exigences de gestion, tout en favorisant la biodiversité afin de maximiser les avantages environnementaux et agronomiques.

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